Prêter de l’argent à une petite entreprise et recevoir en retour un rendement attrayant… Ces dernières années, plusieurs plateformes de facilitation du crowdlending ont vu le jour en Belgique. Elles semblent d’ailleurs connaître un certain succès. Mais quel est réellement le risque du crowdlending ?
Voici comment fonctionne le crowdlending : vous prêtez, en tant que particulier, de l’argent à un entrepreneur. En échange, vous récupérez le montant investi à la date convenue, avec un rendement en sus. Votre argent permet à l’entrepreneur de réaliser ses projets, par exemple lancer un produit, construire un projet immobilier, ouvrir un restaurant, etc.
Souvent confondus, le crowdfunding et le crowdlending recouvrent deux réalités différentes. Le crowdlending est le remboursement de prêts avec intérêts. Par contre, dans le cadre du crowdfunding, vous ne recevez pas d’intérêt, mais une part de l’entreprise, par exemple sous la forme d’actions. En Belgique, la grande majorité du financement se fait via le crowdlending, soit un prêt avec intérêt.
L'Autorité des services et marchés financiers, FSMA, qui suit régulièrement le phénomène depuis 2012, observe une augmentation du nombre de campagnes de crowdlending et des montants collectés. Pour un groupe représentatif de 5 prestataires belges, le montant total collecté a même augmenté de 154 % entre 2018 et 2019. Une enquête menée par le journal flamand De Tijd auprès de 6 fournisseurs belges a montré que le coronavirus avait ralenti sa croissance spectaculaire, avec une augmentation d’à peine 3 % entre 2019 et 2020. Pourtant, en parcourant les différentes plateformes, on se rend compte que l’appétit des investisseurs semble avoir retrouvé sa vitesse de croisière et les campagnes se « vendent » parfois en quelques minutes.
Look&Fin, WinWinner, Socrowd, BeeBonds, Ecco Nova, Raizers, Lendahand... Les plateformes de crowdlending actives en Belgique sont de plus en plus nombreuses. Elles sont non seulement en concurrence les unes avec les autres, mais aussi avec les plateformes créées par certaines banques belges. Dans notre pays, les plateformes de crowdlending qui souhaitent opérer sur le marché des investisseurs privés doivent être agréées par la FSMA, l’Autorité des services et marchés financiers (l’organisme de surveillance des bourses et des prestataires de services financiers en Belgique). Les établissements de crédit et les entreprises d’investissement qui possèdent déjà une licence FMSA ne nécessitent pas de licence supplémentaire.
Toutefois, cette supervision de la FSMA et sa capacité à effectuer des contrôles ne signifie pas forcément que votre argent est en sécurité. En 2020, l’entreprise métallurgique de Flandre-Occidentale, Ferroconstruct, a levé 1,25 million d’euros en quelques minutes via une plateforme de crowdlending, mais a été mise en liquidation en septembre 2021. Les investisseurs ont donc vu le rendement espéré partir en fumée, mais aussi l’argent qu’ils avaient investi.
Par ailleurs, si les choses tournent mal, il n’existe aucun recours contre la plateforme de crowdlending. Bien que tous les projets soient examinés, votre capital n’est jamais protégé ou garanti à 100 %. Le rôle et la responsabilité des plateformes se limite à mettre en relation les entreprises et les investisseurs.
L’investissement via une plateforme de crowdlending ne fait pas exception à la règle : plus le rendement potentiel est élevé, plus le risque est grand. Si vous souscrivez aujourd’hui à une obligation d’une petite PME pour une durée de 5 ans avec un rendement brut de 6 %, le risque est beaucoup plus élevé que si vous placiez votre argent sur un compte d’épargne réglementé. Bien que le rendement d’un compte d’épargne réglementé soit plus faible, vous bénéficiez d’une garantie de capital (100 000 € par personne et par banque). Les obligations ne bénéficient pas de cette protection.
Les entreprises utilisent surtout les plateformes de crowdlending comme financement alternatif. De ce fait, il n’est pas exclu qu’elles aient été précédemment rejetées par des banques ou d’autres fournisseurs de financement. Dans la mesure du possible, rassemblez un maximum d’informations avant d’accepter l’offre. Par exemple, cherchez à savoir pourquoi l’entreprise opte pour le crowdlending, qui sont les personnes qui la dirigent, quelle est leur expérience, que disent les chiffres, dans quelle mesure les ambitions de l’entreprise sont-elles crédibles, existe-t-il un marché pour son idée ou son projet, etc.
Pour certaines campagnes, la somme nécessaire est collectée en quelques minutes, ce qui peut créer un faux sentiment de confiance et vous laisser croire que si « tout le monde » investit, le projet est forcément viable. Cette situation amène à prendre des risques que vous n’auriez pas pris au départ : céder à une offre dans l’espoir d’avoir votre part du gâteau.
Le crowdlending comporte un risque élevé. N’investissez pas tout votre argent dans une seule campagne ou un seul projet. Mieux vaut travailler avec de plus petits montants et répartir les investissements. Diversifiez votre argent dans d’autres investissements (immobilier, épargne, obligations, actions, etc.) et pas seulement dans le crowdlending.
Le crowdlending est une forme de prêt subordonné. Autrement dit, en tant qu’investisseur, vous serez le dernier dédommagé en cas de pépin. Pour mieux vous protéger, il est plus intéressant d’opter pour un prêt avec une garantie de capital. Le rendement est plus faible, mais vous aurez plus de chance de récupérer (une partie) de votre argent en cas de problème.
En Wallonie, il existe également le Prêt coup de pouce. Le gouvernement wallon encourage ainsi les particuliers à accorder un prêt subordonné aux PME.Vous bénéficiez d’un avantage fiscal et, sous certaines conditions, d’une réduction d’impôt unique de 30 % sur la perte réelle, en cas de faillite, par exemple.
La Région bruxelloise propose le prêt Proxi selon le même concept. Vous bénéficiez d’avantages fiscaux si vous accordez un prêt subordonné à une PME bruxelloise. En cas de faillite, par exemple, vous obtenez une réduction d’impôt de 30 % sur la perte réelle (sous conditions).
Un système similaire existe également en Flandre, il s’agit du prêt Winwin. Le gouvernement flamand encourage les particuliers à accorder un prêt subordonné aux PME flamandes. Vous bénéficiez d’un avantage fiscal et en cas de faillite, vous pouvez récupérer 30 % du montant investi grâce à une réduction d’impôt (sous conditions).
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