Une augmentation de salaire n’est pas (toujours) automatique. Si vous en souhaitez une, il y a de fortes chances que vous deviez la demander vous-même. Mais quel motif invoquer pour justifier cette demande et quel est le moment idéal pour poser la question ? Jeroen Diels, managing director régional chez Robert Half, une société de RH, partage avec vous ses meilleurs conseils.
« Tout dépend de l’entreprise, mais dans la pratique, les discussions relatives aux augmentations de salaire ont généralement lieu en fin ou en début d’année, car c’est aussi la période des entretiens d’évaluation. La fin de l’année calendrier marque également l’établissement des budgets, et donc des dépenses salariales pour l’année suivante », explique Jeroen Diels.
« Un entretien de fonctionnement est donc le moment idéal pour aborder la question du salaire, mais veillez à attendre la fin de la discussion et ne lancez le sujet que si l’évaluation est positive. Si l’on vous demande de vous améliorer dans certains domaines, peut-être le moment est-il mal choisi pour demander une augmentation. N’hésitez pas à poser vos questions sur le potentiel de croissance financier et les attentes, afin d’avoir une meilleure vision de votre situation. »
« De préférence, posez votre question dans le cadre d’une discussion concernant vos prestations, vos opportunités de carrière et la collaboration. Aborder le sujet hors contexte pourrait laisser croire que l’argent est votre principale motivation. Mieux vaut donc avancer une motivation concrète. »
« Demander une augmentation avec pour seul motif l’augmentation de la charge de travail semble un peu trop ponctuel, voire impulsif. Les fluctuations de la charge de travail font partie intégrante d’un emploi et d’un bon équilibre entre les avantages et les inconvénients d’un métier. L’important est de savoir s’il s’agit d’une augmentation aléatoire de la charge de travail ou si celle-ci est liée à de plus grandes responsabilités.
Si la charge de travail augmente en raison de tâches ou de responsabilités supplémentaires et que vous êtes capable d’y faire face efficacement, il s’agit d’un excellent argument et d’une bonne opportunité de mettre le sujet sur la table. »
« Une fois encore, la demande d’augmentation ne doit pas être liée au temps, elle dépend de vos prestations, de la santé financière globale de l’entreprise, de la politique salariale ainsi que de votre position sur l’indice et la conjoncture économique », poursuit Jeroen Diels. « D’ailleurs, si vous souhaitez connaître les normes en matière de salaire, je vous invite à consulter le Guide Robert Half des salaires. »
« Une forte indexation pourrait influer sur vos chances d’obtenir une augmentation. En effet, lorsque l’indexation est aussi élevée que celle que nous avons connue ces derniers temps, le coût salarial augmente également pour les employeurs. Dans ce cas, il pourrait s’avérer plus difficile d’accorder une augmentation en plus de l’indexation. »
« La grande majorité des employeurs n’accordent d’augmentation de salaire que sur la base des performances réalisées. Bien entendu, libre à vous de tenter le coup et de rappeler à votre employeur que vous travaillez au même salaire depuis longtemps, mais si vos performances ne sont pas suffisantes, vous risquez bien de ne pas le convaincre avec ce seul et unique argument. »
« Le changement du type de contrat est une bonne occasion de demander un entretien pour discuter d’une éventuelle augmentation, mais réfrénez votre impatience… Vous risquez de donner l’impression de vouloir accéder au poste pour de mauvaises raisons. »
« Il s’agit sans aucun doute d’une belle amorce pour poser la question. Cependant, n’oubliez pas que le succès de votre initiative ne dépend pas d’un seul projet. Il faut prendre en compte la performance nette, son ampleur, sa durabilité (s’agit-il d’un projet unique ou aura-t-il un effet à long terme sur l’entreprise ?), l’impact du projet sur l’entreprise, etc. Généralement, les employeurs sont plutôt enclins à analyser vos performances générales sur une période donnée. »
« Dans ce cas, tout dépend du poste que vous occuperez par la suite. Si ce travail comporte plus de responsabilités, vous avez davantage de chances de voir votre salaire augmenter. »
« Si ce poste n’est que temporaire, il n’est pas commun ni naturel d’obtenir une augmentation. Et que se passera-t-il quand vous reprendrez votre rôle actuel ? Dans cette situation, mieux vaut évoquer la possibilité d’un bonus ou d’un revenu variable, » poursuit Jeroen Diels.
« Lorsqu’un changement de vie de cette ampleur se présente, il n’est que normal de réfléchir à l’opportunité d’une éventuelle augmentation salariale. Toutefois, gardez à l’esprit qu’il est impossible pour un employeur d’adopter une politique salariale personnalisée pour chacun de ses collaborateurs. Peut-être n’est-ce pas le moment idéal pour demander un geste en votre faveur. »
Comment demander une augmentation lorsque je viens de passer en 4/5 ou en crédit-temps (fin de carrière) ?
« Un changement dans votre vie privée n’est malheureusement pas une raison suffisante pour demander une augmentation. Comme expliqué ci-dessus, un employeur ne peut se permettre d’adapter sa politique salariale à la vie privée de ses employés. Votre envie de davantage de flexibilité n’est pas un motif d’augmentation », souligne Jeroen Diels.
« Découvrir que vos collègues gagnent plus que vous pour les mêmes responsabilités peut provoquer un certain ressentiment. Cependant, gardez à l’esprit qu’ils sont peut-être employés dans l’entreprise depuis plus longtemps que vous, qu’ils ont peut-être décroché un diplôme ou suivi une formation ou un autre cours spécifique, qu’ils ont peut-être obtenu des résultats exceptionnels, etc. Si cette situation vous met mal à l’aise, n’hésitez pas à en discuter avec votre supérieur hiérarchique, tout en sachant bien que les choses sont ce qu’elles sont. »
« Les collègues qui possèdent une expertise plus approfondie, qui sont employés depuis plus longtemps, qui endossent un éventail de tâches différent, etc. peuvent en effet gagner davantage que leur supérieur, sur la base de ces raisons objectives. Une fois encore, discutez de la situation avec votre supérieur si le sujet vous tracasse. »
« Dans le contexte actuel et sur ce marché du travail en perpétuelle tension, il n’est pas rare de faire jouer la concurrence. Les employés s’en servent déjà comme moyen de pression pour négocier un salaire plus élevé en continuant à occuper leur poste actuel. Cette démarche est autorisée, mais prenez le temps de réfléchir au message que vous faites passer. Si votre approche est trop agressive, elle peut donner l’impression que vous ne pensez qu’à l’argent, ce qui pourrait vous desservir et dégrader la relation que vous entretenez avec votre employeur. »
« Oui, vous pouvez toujours conclure des accords salariaux mutuels lorsque vous signez un contrat en négociant, par exemple, plusieurs avantages salariaux après une période d’un an. »
Puis-je également bénéficier d’avantages extralégaux au lieu d’une augmentation de salaire ?
« Les avantages extralégaux comme la voiture de fonction, la carte carburant, les stock-options, etc. sont généralement liés à des fonctions, des rôles ou des niveaux, mais pas à une personne. Il sera donc difficile de les négocier dans la pratique. »
« Il est difficile de répondre précisément à cette question. On entend parfois dire que l’on devrait pouvoir demander une augmentation chaque année. La question n’est pas tant de savoir dans quel délai vous pouvez la demander, il s’agit plutôt de réfléchir en fonction de vos performances, des résultats de l’entreprise en général, de votre position dans votre groupe de référence en termes de salaire (si vous êtes déjà dans la tranche supérieure, la possibilité d’une augmentation est moindre) et de la conjoncture économique. Mais la politique générale de l’entreprise joue également un rôle à cet égard. Assurez-vous de connaître la politique salariale de votre entreprise et d’y répondre efficacement. »
« Quoi qu’il en soit, évitez de poser la question trop régulièrement, vous donneriez l’impression que l’argent est votre seule source de motivation. Quoi qu’il en soit, tout dépend aussi en grande partie de vos performances, de la latitude possible et de la politique de l’entreprise. »
« Selon une étude récemment menée par Robert Half en Belgique, 6 employés sur 10 n’ont jamais demandé d’augmentation. La crainte d’aborder le sujet, le manque d’information sur les possibilités d’augmentation et la peur de faire mauvaise impression font partie des principaux défis qui compliquent la tâche des employés lorsqu’ils négocient le salaire d’un emploi existant ou d’un nouvel emploi », souligne Jeroen Diels.
« Votre demande d’augmentation pourrait mal tomber si elle n’a pas été suffisamment préparée ou si elle ne repose sur aucune raison objective. Par conséquent, il est primordial de connaître la politique salariale en vigueur dans votre entreprise. Si vous connaissez mal le mode d’évaluation appliqué, vous risquez de faire mauvaise impression. Essayez donc de définir vous-même, avec professionnalisme et en toute objectivité, les raisons pour lesquelles vous pensez mériter cette augmentation et présentez la situation d’une manière calme, professionnelle et raisonnée. »
« Parler en termes de pourcentages n’est pas chose aisée. La marge potentielle dépend en grande partie de la politique salariale, des raisons pour lesquelles l’entreprise accorde l’augmentation et des contraintes budgétaires. Votre position au sein de votre groupe de référence joue également un rôle : si vous êtes déjà plus élevé, votre augmentation sera plus faible en termes de pourcentage que si vous vous positionnez plus bas dans votre groupe de référence. »
« Un bon entretien repose sur une bonne préparation. Essayez de définir vous-même, de manière professionnelle et objective, pourquoi vous pensez mériter cette augmentation. Vous pouvez, par exemple, avancer des exemples concrets de projets que vous avez menés à bien, rassembler des commentaires positifs de vos collègues ou argumenter d’une autre manière. »
« Préparez-vous toujours à l’éventualité d’une réponse négative. Si l’augmentation souhaitée ne vous est pas accordée à ce moment-là, demandez toujours un feed-back et le potentiel à plus long terme, afin de savoir de quoi sera fait l’avenir : que faire pour bénéficier de cet avantage, quels projets mettre en place, etc. ? Ainsi, vous connaîtrez les possibilités qui s’ouvrent à vous sur le long terme. »
« Si votre augmentation est acceptée, je vous déconseille de vous plaindre auprès de votre supérieur en espérant recevoir plus. Rien ne vous empêche d’aborder la question, mais pensez également à demander ce que vous devez faire pour obtenir une augmentation plus importante ultérieurement », conclut Jeroen Diels.
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